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Associations et égalité des chances

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afevL’ambitieuse mission que s’assigne l’Éducation nationale – œuvrer pour la réussite scolaire de tous – est une tâche qu’elle a peu de chance de mener à bien par ses seuls moyens institutionnels : communauté éducative, organisation des études, programmes.

Les réformes, quelles qu’elles soient, l’actualité le démontre, ne progressent jamais qu’à petits pas et dans la contestation. Il y a pourtant, dans l’ombre de ce ministère et des débats que suscite chacune de ses initiatives, un formidable tissu d’associations qui, sur l’ensemble du territoire, viennent en aide aux élèves en difficulté, concentrent leurs activités sur le soutien scolaire, social et psychologique, l’aide à l’orientation, l’ouverture culturelle ou professionnelle, mais sont encore des partenaires trop marginalisés de l’Éducation nationale.

C’est bien vers une meilleure coordination des établissements scolaires et de ces associations qu’il faudrait travailler afin de transformer ce soutien en véritable support de l’enseignement.

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Le rôle majeur des associations dans le soutien scolaire

Il convient d’abord de les reconnaître, de saluer leur action et aussi d’en tirer des leçons. Liées à des histoires différentes, ce sont principalement, parmi près d’une douzaine recensées, quatre associations qui agissent aujourd’hui sur l’ensemble de la France : le vénérable Secours catholique, l’Entraide scolaire amicale (ESA) créée en 1969, l’Association de la Fondation étudiante pour la ville (AFEV), née en 1991, et la dynamique Zup de Co, fondée en 2005.

Le principe est toujours le même, l’appel à des bénévoles pour donner une heure ou deux de leur temps par semaine à des élèves en difficulté sous la forme d’un accompagnement individuel en dehors du temps scolaire à domicile. Le soutien peut être plus complet : porter sur l’orientation, associer les parents, proposer des sorties, des voyages. Il peut encore s’appuyer sur des retraités ou des volontaires en service civique. Tous ces participants bénévoles sont partout encadrés et formés s’il le faut.

À l’échelle régionale, il existe d’autres associations agissant dans des villes de province ou dans Paris (comme SOCRATE), le magazine L’Étudiant faisant d’ailleurs un complet recensement de ces associations sur son site.

Enfin, à l’échelle locale, certaines cités scolaires, dans le cadre d’un projet d’établissement ou à l’initiative de certains professeurs, organisent de l’aide aux devoirs pour leurs collégiens en difficulté.

Le soutien scolaire existe donc, se développe même, porté par l’élan de toute l’économie sociale et solidaire, mais, surtout, il peut encore évoluer, se diversifier et se renforcer. Sur le plan de son efficacité d’abord : s’il est indéniable que l’aide aux devoirs produit des résultats, tous les élèves qui en bénéficient n’en tirent pas un réel profit ; c’est que le problème n’est pas seulement une question de capacité mais de motivation : aussi paradoxal que cela paraisse, un certain nombre d’enfants aidés n’ont pas envie de devenir de bons élèves ; la réussite scolaire n’est ni leur culture, ni leur modèle.

Travailler les mentalités, refaçonner les états d’esprit est encore un chantier à défricher, qui dépasse pour l’instant les compétences des seuls passeurs de savoir.

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L’orientation, première cause d’échec

Sur le plan des contenus, si l’aide porte sur toutes les matières scolaires traditionnelles, c’est peut-être vers l’initiation à des formations plus professionnalisantes qu’il faudrait se tourner : l’échec scolaire et le décrochage sont en effet les plus importants en seconde, soit après la grande redistribution des études post brevet des collèges.

C’est bien l’orientation qui, dans le secondaire comme dans le supérieur, est la première cause d’échec. Avant de trouver sa voie, il faut repérer les directions possibles, et l’aide doit tendre davantage vers une meilleure exposition des professionnels, artisans, petits patrons, acteurs des métiers de l’informatique, etc.

Le monde du travail doit venir plus tôt, par le biais des associations, à la connaissance des élèves en difficulté scolaire. Un adolescent a autant besoin de découvrir un centre d’art dramatique qu’un centre de formation professionnel.

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Une nécessaire reconnaissance pédagogique des associations

Sur le plan des relations avec l’Éducation nationale, si la reconnaissance juridique existe dans de nombreux cas (notamment par les agréments), c’est une reconnaissance pédagogique qu’il faudrait mettre en place.

Les associations restent encore trop en marge de la vie scolaire. Leur action pourrait être facilitée par une meilleure publicité, des interlocuteurs, des relais plus visibles, le droit à des permanences, à des séances d’information, de présentation, impliquant que ces bénévoles et volontaires soient traités comme de véritables assistants de l’enseignement.

Pourquoi ne pas concevoir des emplois du temps pensés en fonction du soutien scolaire ? Chaque établissement devrait avoir son ou ses partenaires associatifs. La réforme passe aussi par ce nouveau genre de coopération.

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L’enseignement a besoin de toutes les bonnes volontés

Enfin, sur le plan de la formation, il importe de renforcer l’encadrement des bénévoles et de valoriser leur travail – pourquoi pas par des formes de certifications leur permettant ultérieurement de se présenter éventuellement à des concours de recrutement (type troisième voie).

Comme il y a fort à craindre une prochaine « ubérisation » de l’école et, à l’avenir, des parents court-circuitant les enseignants, ce sont bien les compétences de ces bénévoles qui doivent être parfaitement identifiées.

Tout ne peut venir du ministère. Sans passer la main, l’Éducation nationale peut tendre la main. Les associations et initiatives issues de la société civile sont prêtes. L’enseignement a besoin de toutes les bonnes volontés.

Pascal Caglar

 

• Le Secours catholique.

• L’Entraide scolaire amicale (ESA), agréée en août 2015, association éducative complémentaire de l’enseignement public au niveau national.

• L’Association de la Fondation étudiante pour la ville (AFEV).

Zup de Co.

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